Disclaimer
Ce terme très utilisé dans le milieu politique fait depuis peu son apparition dans des campagnes de communication. Au secours.
Ce terme très utilisé dans le milieu politique fait depuis peu son apparition dans des campagnes de communication. Au secours.
Ce visuel est là pour vous montrer une direction.
Bon sang de Bon sens
“Mais voyons, un peu de bon sens voyons.”
Il est super ce terme. “Bon sens”. Il est tellement pratique ce terme.
Il y a “bon”, ce qui suggère que ça ne peut être mauvais. Il y a “sens”, ce que l’on cherche tous ! Génial.
Il permet de dire :
- que ce que l’on critique est forcément une absurdité.
- que celui que l’on critique est forcément déraisonnable, presque fou, en tout cas inconséquent.
- et que la réponse à ce “non-sens” est forcément dans ce que l’on énonce.
Il permet de défendre, tout, et son contraire. Pourquoi pas. En n’apportant rien de plus que sa proclamation : “Mais un peu de bon sens, voyons”.
Tellement pratique.
Partout.
Et il est partout. Dans la bouche des politiques, dans la bouche d’experts scientifiques, économiques, écologiques ou même de communication. Dans la bouche de tout ceux qui ont un peu de “bon sens”. C’est rassurant.
“Il nous faut, je crois, retrouver un peu de bon sens” dit-il d’un air satisfait en haussant les épaules et les sourcils.
Brandi comme un diplôme, proclamé comme une preuve, appuyé comme un argument, le bon sens semble avoir perdu tout sens de la mesure et se hisse en pole position des formulations “utiles en toutes occasions”.
Alors qu’il n’est rien d’autre qu’un jugement. Et que vaut le jugement, quand tout le monde est juge ? (je juge là, mais jugez-moi vous aussi)
L’émotion.
Ce qui admirable avec le “bon sens”, c’est qu’il fait du bien à tous ceux qui pensent avoir du bon sens et à tous ceux qui écoutent et croient les personnes ayant du bon sens. Veritable cercle vicieux du sens qui tourne en rond. Si je fais appel au bon sens, alors vous n’avez d’autres choix que d’être d’accord avec moi. Quoi que je dise. Vous avez peur, je vais vous rassurer, grâce au bon sens !
Il est la réponse sans réponses. La raison sans raison. Le bon choix sans en faire.
Non seulement je n’apporte pas de réponse, mais je fais en plus coup double : je valorise ceux qui me croient (vous faites partie de ceux qui ont du bon sens) et je redonne confiance en l’avenir à ceux qui l’ont perdu.
“Il a du bon sens, si je le suis, je vais dans le bon sens…” entendons-nous lorsque nous nous penchons vers ceux qui regardent ces vidéos qui sont présentes sur internet, mais COMME PAR HASARD JAMAIS DANS LES MEDIAS.
L’égo.
Pratique encore parce qu’il nous évite de dire que l’on ne sait pas. Le brandir semble suffire pour affirmer une vérité sur les choses scientifiques, médicales, architecturales, artistiques… Sur tout et je n’en ferais pas la liste.
Il permet aussi de s’insurger, allègrement : si j’ai du bon sens et que je ne suis pas d’accord avec l’autre, l’autre a forcément tort.
Alors, chouette, moi qui ai du bon sens, je suis au-dessus de toi. Voilà.
Le vide.
Alors que si on le regarde bien ce “bon sens”, il ne dit rien, il est vide. Il est creux.
Parce qu’il se nourrit du vide. Et comme chacun pense qu’il peut se réclamer du bon sens, il se nourrit sans fin. Et donne à ceux qui ne maîtrisent rien l’opportunité de paraître moins creux, moins vides.
Le “Bon sens” est un non-sens. Il abîme les débats. Il est le coup de poing de celui qui n’a plus d’arguments.
Le bon sens est la plaie de notre société. Ce n’est pas les réseaux sociaux, internet, la télévision. Ce n’est pas l’anonymat sur internet, les frontières ou tout autres sujets polémiques.
Non, la plaie, c’est ceux qui n’ont rien à dire mais le disent quand même sous le chapeau du bon sens. Parce qu’ils n’apportent rien d’autre que du vide.
